À Paris, près de la tour Eiffel, sur le quai Branly, se trouve le musée du même nom. Ce musée a la particularité de réunir en son sein des milliers d'objets collectés dans les ex-colonies françaises et ailleurs dans le monde, créées qu'elles sont par des peuples autochtones, dits primitifs, à travers les siècles.
Le musée des arts premiers (c'est son autre appellation), a intégré dès l'ouverture de ses galeries une collection de produits artisanaux originaires du mont Kouriet, situé dans les communes d'Agouni-Gueghrane et d'Aït-Toudert.
Cette petite collection, fort documentée, propose à la découverte des visiteurs non avertis pas moins d'une cinquantaine d'objets comme les plats, les plats creux, les bougeoirs, les écuelles ou les gargoulettes.Tous produits à base d'argile dans le Djurjdura, selon une méthode ancestrale qui remonte à la préhistoire, et qui, de nos jours, tend à disparaître.
Ces objets qui, à l'origine, étaient utilisés comme des ustensiles dont l'usage était d'une utilité au quotidien, ne remplissent désormais qu'une fonction de décoration. Et encore, chez quelques familles seulement!
Si cette initiative a le mérite d'ouvrir une fenêtre sur ce qui se faisait dans le Djurdjura, au coeur même de la capitale mondiale de la culture, elle est pour le moins insuffisante eu égard à notre très riche patrimoine artisanal et que la collection ne reprend qu'en très infime partie. À vrai dire, nous n'attendons nullement des français, malgré leur grande ouverture d'esprit et leur curiosité culturelle intrinsèque, qu'ils mettent en valeur notre patrimoine. Ceci dit, il est de notre devoir de saluer l'initiative de créer ce musée qui, rappelons-le, fut porté à bout de bras par Jacques Chirac, l'ancien président de la République.
Nous en arrivons ensuite, légitimement, à nous poser la question suivante : nos municipalités et nos institutions régionales, nos richissimes commerçants ainsi que nos populations, instruites ou pas, sont-elles à ce point incapables de réunir divers objets qu'avaient utilisés nos aïeux dans leur vie de tous les jours, en un lieu où chacun pourrait aller les observer et qu'on appellerait musée? Il suffit que quelque mécène sérieux lance un appel, et nous sommes quasiment certains que les milliers d'objets rangés et oubliés dans des granges, oubliés des hommes et oubliés de la mémoire, referont miraculeusement surface pour être offerts gracieusement et exposés à la curiosité des citoyens que nous sommes. Ou bien, doit-on désormais se rendre dans la ville des lumières pour découvrir les oeuvres d'art que nos grand-mères avaient façonnés de leurs doigts et de leur génie?
Quand est-ce qu'on va réellement prendre conscience des crimes que nous ne cessons de commettre à l'égard de notre identité et de notre culture par le seul fait de notre inaction? Savons-nous au moins que certains de ces objets, ceux qui font date notamment, sont revendus et s'échangent aux prix de centaines, voire de milliers d'euros sur le marché de l'art occidental? Sait-on, ici, qu'un grand nombre de familles en Europe, collectionnent dans leurs demeures un partie de notre âme? Que fait-on concrètement pour protéger ce pan de notre mémoire et de notre civilisation? Ou bien la défense de l'identité se résume-t-elle uniquement à la revendication d'une place officielle pour notre langue, aussi menacée soit-elle? Il est vraiment des sujets qui méritent qu'on s'y attarde.
Enfin, pour finir, les initiateurs et les différents organisateurs de manifestations artisanales comme celles de Mâatkas ou des At-Yenni et tant d'autres villages de Kabylie qui, comme on le sait, sont très difficiles à mettre en place et à pérenniser, sont-ils réellement inaptes à pousser la réflexion et la volonté jusqu'à créer un musée régional mutualisé de l'artisanat traditionnel?
Musée du quai Branly : link
Une boutique d'art : link
Une collection privée :link