Une virée dans les montagnes ariégeoises en ce mois d'avril ne pouvait que nous faire le plus grand bien. Sous le poids d'une actualité accablante et du train-train quotidien, il devenait évident pour nous de prendre quelques jours d'évasion : direction la montagne. C'est pourquoi nous avons choisi de partager avec vous, chers amis du Djurdjura, les moments les plus significatifs de cette escapade.
Notre voyage commence à Ax-les-Thermes, une commune de 1 500 habitants qui a la particularité d'être à la fois une station thermale et de sports d'hiver. La ville, agréable et propre, accueille peu de touristes. À chaque coin de rue, nous découvrons des fontaines d'eau chaude (jusqu'à 77 °C, nous apprend un habitant) alimentées par des eaux thermales souterraines (voir le lien pour plus d'informations : http://www.thermes-ax.com/eau_thermale.asp). Nous y trouvons aussi des bassins où certains plongent leurs jambes jusqu'aux genoux. Pour organiser notre séjour, nous avons décidé de camper au-dessus du village de Sorgeat (à 1 200 m d'altitude), en empruntant une route en lacets qui nous rappelle celle reliant Agouni-Gueghrane à Tizi-Mellal. Étrange sensation ! La journée est ensoleillée, mais tout de même un peu fraîche. De ce balcon improvisé, nous dominons la vallée et ses forêts environnantes, et admirons plusieurs sommets que nous explorerons plus tard.
La rivière Oriège rejoint au centre-ville celle de l'Ariège, et leurs eaux mêlées s'écoulent ensemble jusqu'à la Garonne, près de Toulouse. La route nationale qui mène à Andorre est peu fréquentée en ce jour, et la piste de ski d'Ax 3 Domaines nous fait face, à seulement 2 km à vol d'oiseau.
Le lendemain, dès le petit déjeuner terminé, nous prenons la direction des Bains du Couloubret, un centre thermoludique de la ville (voir photo). Nous y passons la matinée à profiter de l'eau à 35 °C, entre jacuzzis, saunas, hammams, buses hydromassantes, eaux bouillonnantes et bassins extérieurs aux eaux rapides, accessibles par un ingénieux labyrinthe.
L'après-midi, nous décidons de visiter le col de Pailhères, situé à 2001 m d'altitude, entre l'Aude et l'Ariège. Un panneau indique que le col est fermé, mais qu'à cela ne tienne, nous y allons quand même ! Tout au long de la route sinueuse mais en bon état, nous admirons de jolis paysages : massifs forestiers, rivières en crue, plans d'eau et hameaux tranquilles. À partir de 1500 m, nous retrouvons la neige. Une voiture arrive en trombe derrière nous et régule sa vitesse sur la nôtre. De temps à autre, nous remarquons des engins rutilants garés sur les bas-côtés, comme oubliés, mais aucune âme qui vive. Nous sommes un dimanche. Il s'agit de déneigeuses et autres machines que nous découvrons pour la première fois. À 500 m du col, un immense mur de neige nous barre le chemin. Nous n'avons guère le choix que de nous arrêter. Le véhicule qui nous suit fait de même, et deux hommes et une femme en sortent pour venir à notre rencontre : ils sont espagnols et cherchent à rentrer chez eux. Ils devront faire un grand détour. Nous prenons des photos, remplissons nos gourdes d'eau limpide et naturelle, et hurlons à tue-tête jusqu'à provoquer l'écho des montagnes. Nous rentrons, tenaillés par la faim.
Aujourd'hui, nous reprenons la route pour la vallée d'Orlu. Sur place, nous visitons la Maison des Loups, une réserve abritant des loups originaires de plusieurs pays (Canada, Alaska, Slovénie, Pologne, etc.). Nous sommes les premiers visiteurs de la journée. À notre arrivée, les loups poussent un hurlement à l'unisson, comme pour nous souhaiter la bienvenue. C'est de la magie à l'état pur; nous avons la chair de poule et nous mesurons ce privilège ! Séparée de la réserve par un cours d'eau tumultueux, se trouve une zone commerciale avec des boutiques de souvenirs, cafés, restaurants, centre de vacances et un centre de loisirs pour enfants et adolescents : l'Akrobranch. Ce n'est pas encore le rush, et nous en profitons pour prendre notre petit déjeuner. En face, nous remarquons un téléphérique à l'arrêt. En nous renseignant, on nous explique qu'il est réservé uniquement au personnel EDF chargé de l'entretien du lac (étang de Naguille) qui alimente une centrale hydro-électrique en aval, cinq kilomètres plus loin.
La deuxième étape du programme consiste à randonner dans ce petit coin de paradis, qui regorge de sentiers à travers de magnifiques massifs forestiers à flanc de montagne, où la faune et la flore sont des plus sauvages. Sur ce territoire protégé, on peut observer des animaux (loups, vautours, ours, marmottes...) sans trop de difficulté. Nous partons vers la dent d'Orlu, un sommet de plus de 2200 m, très prisé pour l'escalade (voir le parcours sur la photo).
Sur le chemin du retour, nous traversons un drôle de passage, constitué de barres arrondies au-dessus d'une fosse, occupant toute la largeur du sentier. Nous ne comprenons pas l'utilité de ce dispositif. Un kilomètre plus bas, nous faisons signe aux occupants d'une Peugeot 205 rouge qui arrive vers nous. Les deux octogénaires qui l'occupent s'arrêtent à notre hauteur. Après les salutations d'usage, nous leur posons la question sur ce petit pont que nous venons de traverser. Ils nous apprennent qu'il s'agit d'une barrière canadienne, un système ingénieux inventé par les premiers migrants vers le Canada pour empêcher les animaux sauvages de rôder près des habitations. Il a été introduit dans les Pyrénées pour une toute autre raison : limiter les dégâts que les herbivores (sangliers, vaches) ou carnivores (renards et loups) pourraient causer dans les champs et les élevages.
Les principaux grands sommets de l'Ariège:
- Le Pic d'Estats : 3143 m
- Le pic de Moncalm : 3077 m
- Le Pic de Médécourbe : 2914 m
- Le Mont Vallier : 2838 m
- Le Pic des Redouneilles : 2485 m
- Le Pic d'Endron : 2472 m
- Le Pic de Soularac : 2368 m
- Le Pic de Saint-Barthélemy : 2348 m
- La Dent d'Orlu : 2222 m
- Le Pic des 3 Seigneurs : 2199 m