Chaque début d'automne, je m'empresse de partir en fin de semaine avec mes enfants pour une après-midi de promenade à travers les bois dont la lisière est visible depuis notre domicile. À chaque fois, je suis témoin de la même explosion de joie chez ma benjamine, qui manifeste un vif intérêt pour la verdure, la végétation et les insectes, allant jusqu'à constituer chaque année un nouvel herbier. Une fois arrivés près du ruisseau, elle m'invite : "Viens, écoutons la musique de l'eau !". Et ainsi, elle m'entraîne dans son univers, moi qui suis facilement transporté par les rêveries les plus envoûtantes. Car tandis que ma fille se délecte des mélodies de l'eau qui s'écoule, moi, je perçois la plainte du léger vent traversant les feuillages, les notes parfaites des oiseaux chantant en chœur, les grenouilles croassant pour perturber l'ensemble harmonique, le bruit des fruits tombant et brisant le silence, ainsi que le craquement des branches se rompant. La forêt est, sans aucun doute, un immense orchestre dont le chef d'orchestre se trouve quelque part dans le ciel ou tapi dans les fourrés.
Ce que nous apprécions particulièrement durant cette saison, c'est la présence de nombreux châtaigniers, dont les fruits abondent sur le sol. Nous ne manquons jamais de récolter notre part lors de nos balades automnales à travers ces bois profonds, où le sous-bois humide est à peine touché par les rayons du soleil. Pour moi, c'est un moment de profond silence intérieur, tandis que pour les enfants, c'est une occasion d'apprentissage. Nous prenons continuellement des notes et des photos que nous étudions une fois de retour à la maison, en utilisant les ressources dont nous disposons : livres de botanique, dictionnaires, internet, etc.
Au cœur de cette forêt, ce sont les animaux qui, à l'occasion, nous sortent de nos rêveries. Ils interrompent nos méditations, nous faisant sursauter au brusque envol d'un couple de geais effrayés par notre présence ou au bruit d'un marron qu'un écureuil maladroit laisse tomber d'un arbre.
Nous allons à présent vous décrire les différentes espèces que nous avons recensées et dont nous avons vérifié les caractéristiques :
En arrivant à l'orée du bois, nous sommes accueillis par une haie d'honneur formée par l'aubépine, dont les fleurs très odorantes servent de bons porte-greffes. Autrefois, cet arbuste était utilisé comme séchoir pour les personnes démunies. Ensuite, nous passons sous un saule roux (Salix atrocinera) pouvant atteindre jusqu'à 12 m de haut et contenant de l'aspirine. Un peu plus loin, nous remarquons un houx, dont on devine l'aubier, d'où dérive le mot "houspiller".
L'éparpillement de milliers de glands nains, non comestibles sauf pour les sangliers, est un signe de la présence du chêne pédonculé. Ce dernier, pouvant mesurer de 30 à 45 m de hauteur, peut vivre jusqu'à 1000 ans, mais il est uniquement présent en Europe, à l'exception de l'Espagne.
Nous avons également répertorié quelques plantes lors de notre expédition : de l'asphodèle, également appelée "arbre à vipère", au chèvrefeuille dont les fleurs ne dégagent leur parfum qu'en soirée pour attirer le sphinx, un papillon de nuit indispensable à leur fécondation, en passant par le fragon aux baies rouges toxiques, qui servait autrefois à fabriquer des balais. La forêt regorge ainsi d'espèces plus ou moins fragiles qu'il convient d'observer, d'identifier, d'étudier et de connaître.
Le Petit Larousse nous enseigne que la différence entre "se promener" (balade) et la poésie lyrique, la musique, la littérature... (ballade) est bien mince, avec seulement une petite différence de lettre : un simple "l". Ainsi, il est facile pour ceux qui le souhaitent de franchir cette frontière. Nous comprenons alors mieux pourquoi les poètes aiment déambuler en solitaire, empruntant des sentiers oubliés.