Niché à 1700m dans l'antre même du Djurdjura, Tamda u Gelmim* est un vrai lac alpin, et le seul connu en Afrique du Nord. C'est un lac de cirque, c'est à dire un lac de forme circulaire creusé par les éléments mais surtout par la neige dans l'escarpement de la montagne. Et la neige n'a pas creusé uniquement le sol puisqu'elle a érigé en même temps une arête de sédiments qui constitue une retenue d'eau naturelle. Ce double processus prouve qu'à l'origine, tamda u gelmim était bel et bien un lac. Il en garde d'ailleurs les traces à son extrémité nord-est puisqu'il y subsiste de nos jours encore, une moraine.**
Et si le lac reste méconnu du plus grand nombre parce que difficilement accessible, c'est en partie une bonne chose quand on observe ce que sont devenus les rivages du Taksebt, par exemple, quelques années seulement après l'achèvement des travaux et sa mise en service. Un jour viendra où cet endroit magnifique ne sera plus à l'écart de la "civilisation"; il est donc nécessaire de le soumettre dès à présent, comme beaucoup d'autres endroits, à une réglementation stricte et rigoureuse.
Le lac Goulmim est un vaste plan d'eau naturel rempli d'octobre-novembre à juin. En période hivernale, il est recouvert d'une chape blanche et protectrice. La neige qui symbolise l'hiver dans nos montagnes et qui est un élément important du climat local, est une source de joie infinie pour les gamins et les skieurs et de tracas multiples pour les automobilistes et les voyageurs. Quant aux animaux et végétaux, ils savent plus ou moins s'y adapter. L'épais tapis de neige qui s'installe étouffe et protège en même temps: il étouffe en empêchant la lumière d'atteindre les plantes aquatiques et il protège en ce sens qu'il fait office d'isolant évitant à la terre de geler en dessous. Dans les deux cas, il s'agit de processus vitaux pour la flore d'abord, et la faune ensuite.
Dès la fin du printemps qui ne dure pas longtemps chez nous, il se vide tout aussi naturellement avec la fonte des neiges et surtout en été, sous l'effet chauffant des rayons solaires qui lui assènent le coup de grâce, laissant ainsi place à une vaste et verte prairie. Cette étendue herbacée, pendant la belle saison, accueille de jeunes campeurs originaires des villages d'Aït-Bouaddou, qui, pendant deux mois, organisent d'incessants tournois de foot-ball .
L'endroit est colonisé à longueur d'année par des rainettes qui lui donnent sa couleur toute particulière. Cette grenouille de la famille des hylidés est connue pour sa capacité à changer rapidement de couleur pour s'adapter à son environnement, mais ce qui est troublant, c'est que normalement elle ne vit que dans les milieux boisés. Doit-on conclure que le lac Goulmim était entouré à une certaine époque d'une forêt de pins ou de cèdres? La question reste posée.
En tout cas, la rainette dont la taille varie entre 2 et 6 cm, a la réputation d'être un véritable baromètre: elle sort de l'eau quand le temps est humide et pluvieux et s'y réfugie par temps sec.
* Agelmim = lac
** Moraine = ensemble de roches transportées par un glacier
Photos : Méziane Bandou (avril 2011)