Décision est donc prise. Sans grande préparation, nous décidons à cinq d'effectuer un pèlerinage au lac. Accompagnés d'un guide; un ancien berger du village Ait Bouadou qui connaît la montagne dans ses moindres recoins et ses petits secrets, qui nous sera tout au long de notre périple d'un grand apport.
C'est vers 11 heures que nous commençons l'ascension par un chemin sinueux, rocailleux et en montée abrupte. N'étant pas partis très tôt, notre guide nous fait faire des raccourcis afin de nous faire profiter au maximum du paysage. Un paysage féerique s'offre à nous, nous faisant oublier toute fatigue. Sur le chemin escarpé où se succèdent montées et descentes, nous croisons quelques bergers avec leurs troupeaux - caprins et bovins-, des sources d'une eau limpide et très froide qui tombe en cascades, des fleurs de toutes couleurs, des vallons verdoyants en ce début de printemps tout frais.
A chaque colline grimpée, une autre se dresse devant nous, et a chaque fois, notre guide de nous encourager en nous aguichant : "c'est juste derrière", ne finit-il pas de dire. L'homme, au lointain, paraît comme un insecte insignifiant devant cette masse rocheuse forte et tranquille qu'est le Djurdjura .
Deux heures de marche plus tard, tout essoufflés, nous puisons dans nos toutes dernières forces, nous qui ne sommes pas habitués à des randonnées en montée directe, et bien pressés d'atteindre notre but ultime, objet de notre visite. Nous avons hâte d'y mettre les pieds ... Enfin le lac! une vue splendide coupe le peu de souffle qui nous reste de nos fatigants efforts. Dame nature nous charme, elle nous sublime: un lac d'eau limpide au plus haut de la montagne!
Des taches de neige encore clairsemées par ci par la, un très grand espace de verdure tout autour de ce plan d'eau emprisonné par la montagne comme pour en faire sa réserve, sa propriété absolue . Comme le liquide que nous tenons dans la paume de la main est précieux!.
Une fois nos forces reprises, nous décidons d'escalader au sommet de façon à dominer le lac dans toute ses dimensions. Au-delà, une autre vue se donne à notre contemplation du versant sud du Djurdjura : Bouira, ses plaines cultivées, ses petites villes et villages, son grand barrage...Et, plus à l'est, au delà des cédraies, Tigjda nous apparaît comme à portée de la main. Par cette belle journée ensoleillée, sans jumelles, nous parcourons la Kabylie du sud au nord, notre regard porte jusqu'à l'hôpital Sonatorium de Redjaouna.
Notre regard revient sur le lac, à nos pieds, que nous ne cessons d'admirer ainsi que ses environs : cette immensité d'eau au milieu d'une infinie verdure avec un décor tout de neige que le soleil, au rendez-vous, fait briller et scintiller. Un de mes compagnons s'écrie : " c'est la Suisse!". Non , c'est la Kabylie, c'est l'Algérie. Reste a nous de la préserver.
Nous n'avons pas fini d'admirer ce cadre absolument beau que nous voila déjà en train de penser au retour, à la séparation. On va lui dire au-revoir mais jamais adieu.
Vers seize heures, nous entamons le chemin en sens inverse, un chemin de rocaille et de pierres parfois tranchantes en pente. C'est qu'il faut savoir où poser ses pas.
La descente est plus lente, le lac est dans nos mémoires et dans nos appareils que nous nous empresserons de brandir comme un trophée a nos amis. Le lac nous accompagnera dans nos pensées tout le long du chemin retour. Nous avons atteint notre but de la journée. À quoi bon s'échiner à presser le pas et quitter cette pureté pour rejoindre la pollution de la ville, ce grand espace pour un "pousse-toi que je passe"?
Pour une randonnée au Djurdjura, toutes les périodes sont les bonnes, mais, de mars à avril, c'est simplement magique!
Loin de Venise, voir le lac et ne pas mourir, voir le lac et...revivre!
Chose promise, chose faite. Amitiés à tous les amis du Djurdjura.
Vendredi, 15 avril 2011