Oyez, oyez, responsables du parc national du Djurdjura! Nous courons vers la catastrophe écologique! Faites quelque chose avant que les dégâts ne soient définitivement irréversibles! Ce que les photos mises en lignes nous montrent, n'est pas, comme vous le savez, le reflet de la réalité, qui est autrement plus grave. Nous sommes tellement choqués par l'état catastrophique de l'environnement dans le Djurdjura, que nous en sommes arrivés à dénier l'évidence. Mais, avoir peur de regarder les choses en face, de façon lucide, constitue t-il une solution aux problèmes? Bien sûr que non. Si nous avons conscience que la solution ne pourrait venir du seul PND, ce dernier reste néanmoins la locomotive sans laquelle tout effort citoyen sera voué à l'échec. Nous sommes donc en attente de vos initiatives, ce qui ne nous empêche pas d'ébaucher des pistes pour le salut de nos montagnes.
- Sur la photo numéro 1, on aperçoit un commerçant ambulant. Il vent des sandwichs ainsi que des boissons. Vous remarquerez sur la droite, accroché au camion, un paquet de sachets mis à la disposition des clients sans aucun contrôle. Par terre, le commerçant, affable et ouvert à la discussion, a eu l'intelligence de poser une petite corbeille qui sert à ceux qui s'attablent et consomment sur place. Mais ceux qui s'en vont avec leurs achats, ne trouvent guère de bacs à ordures le long des chemins de randonnées, que la parc national est censé mettre à la disposition des visiteurs.
Pourquoi les commerçants ne s'organisent-ils pas pour supprimer la distribution de sacs plastiques? Les clients finiront pourtant par s'habituer et prendront leur disposition pour ramener un panier de chez eux, qu'ils ne risqueront pas de jeter le soir venu, au moment de rentrer.
- Sur la photo suivante : À seulement 50 mètres du commerçant, une personne balance son sachet après avoir fini d'avaler son casse-croûte.
- Sur la troisième photo, un enfant contrarié brandit, comme des trophées, 2 plastiques trouvés sur son chemin. Mais ce sont des milliers qui restent éparpillés dans la nature! Ceci sans parler des bouteilles, canettes, papiers, verre. Selon le jeune Youcef, un habitué des lieux, "ceux qui commettent le plus de dégâts sont les buveurs du soir qui, assurés de l'impunité, repartent chez eux, en laissant derrière eux, une fois vidées de leur contenu, des centaines de bouteilles d'alcool que personne ne prend soin de collecter et d'éloigner de la montagne." Quid de la sensibilisation des enfants à la protection de la nature si nous les habituons dès leur jeune âge à un comportement contre-nature?
- La photo 4 montre un singe âgé d'à peine un an, dégustant un reste de boite de yaourt qu'il est allé chercher dans une poubelle. Est-ce ainsi que nous protégerons la faune? L'autre mission du parc du Djurdjura n'est-elle pas de veiller sur ces animaux? Pourquoi les jeunes des villages alentours, qui connaissent et aiment cette montagne, ne sont-ils pas recrutés comme saisonniers durant les vacances scolaires, pour surveiller et réprimer les gestes négligents de ceux qui font preuve d'un incivisme flagrant. Comment les payer? Avec l'argent des verbalisations que ne manqueront pas de subir les indélicats et les inconscients. On doit frapper les gens à leur porte-monnaie, et on verra à ce moment-là que les choses s'arrangeront comme par miracle.
Avec tous les sachets qui traînent, tout un chacun peut, à sa guise, prendre l'initiative personnelle d'organiser un volontariat. "Mais, ajoute Youcef, 18 ans à peine, on en fait quoi ensuite? Il n'y a même pas un endroit où les déposer, et c'est surtout pas les gens du parc qui vont venir les déplacer. La preuve? regardez bien : nous sommes le premier jour de vacances de printemps, l'affluence, tout à l'heure, sera des plus fortes, pourtant, nous ne voyons nulle part, ne serait-ce qu'un seul agent du parc. Logiquement, ils devraient être sur le pied de guerre durant les prochains 15 jours. La majorité des citoyens ne saisissent pas les enjeux liés à l'équilibre de l'environnement, et, si en plus, personne ne vient le leur expliquer et les sanctionner le cas échéant, nous ne devons pas entièrement les blâmer. Les vrais responsables sont ceux qui sont payés par l'argent des contribuables pour garder la maison Djurdjura. Malheureusement, personne n'a l'air de comprendre que nous en faisons tous partie, comme les membres d'une même famille, et que si le toit de cette demeure venait à s'effondrer, nous serions tous ensevelis pour toujours." Sagesse montagnarde d'un jeune, venu au monde durant les années de braise, qui n'a découvert la montagne que tardivement, alors qu'il est né à un jet de pierre de celle-ci.
Devant l'urgence de la situation, nous avons quelques propositions à formuler à l'endroit des pouvoirs publics et des responsables du parc:
1 - Réguler, par des barrages filtrants, le nombre de visiteurs pendant les vacances scolaires et les week-ends, pour permettre au Djurdjura de n'accueillir que ce que ses capacités permettent réellement de faire, ( l'expérience a été tentée à Chréa avec plus ou moins de succès ) et réduire ainsi l'empreinte écologique qui est très élevée.
2 - Instaurer un accès payant les jours d'affluence, parce que l'entretien d'un parc naturel est fort coûteux. Il n'existe pas de parc naturel de par le monde où l'accès est complétement libre et gratuit. Comme il n'existe pas de parc naturel où les mouvements des promeneurs ( de foules dans le cas deTikjda ) n'est pas restreint et contrôlé.
3- Interdire la vente à la sauvette et recruter en contrepartie tous ces jeunes pour l'entretien et la surveillance des lieux.
4- Réglementer strictement l'activité des commerçants ambulants ( restauration ) qui, par manque d'attention et de formation, y sont pour beaucoup dans la détérioration de l'environnement.
Alger, le 21 mars 2012.
Correspondance particulière.