Nous voilà sur le chemin de la découverte de ce grand massif montagneux "Oum Settas", deuxième sanctuaire de la biodiversité dans le Constantinois, que l'on n'arrive à dominer que par les photos satellitaires, que les mines des carrières essaient de détruire de toutes parts sur toute sa périphérie et même en plein, dans ses entrailles.
Le vendredi 16 avril, alors que la ville de Constantine et sa région dormaient avec ses habitants , à trois, l'un de la périphérie de Hamma Bouziane, Aïssa Moukhtari notre horticulteur, l'autre du Gamasse, Aïssa Fillali le forestier, et votre serviteur Abdelouahab Karaali, vétéran du groupe, nous nous rencontrons de bon matin, soit à sept heures à la nouvelle gare routière du Khroub. Nous sautons dans un taxi et nous voilà une demi-heure plus tard à l'entrée de l'agglomération de Benbadis.
À partir de là, plus aucun véhicule, plus de route goudronnée, insistent le forestier et Abdelouahab. Notre horticulteur et paysagiste, après une mise au point, nous trace notre chemin vers le Djebel d'Oum Settas. Pour cela, nous devons contourner le centre d'enfouissement technique ( CET), dont le premier casier achevé, commence à recevoir les déchets de Constantine et certainement d'autres localités!
La partie supérieure de cet équipement n'étant pas encore entièrement clôturée, ne permet pas d'isoler pour le moment, la faune domestique et non domestique des déchets. En espérant que cette contrainte dommageable pour la faune soit réglée, pour préserver le milieu de cette contrainte des temps modernes, qui tend à se généraliser à travers le pays, où même la cigogne blanche y vient pour se nourrir et tacher sa robe blanche d'une teinte noirâtre...
Sur le parcours, équipés d'appareils à photos, nous prenons divers clichés sur le milieu, le paysage, les plantes...etc. Aucun indice intéressant n'est délaissé. Des échanges d'informations utiles se font entre les éléments du groupe: appellation locale des plantes, phytothérapie, nomination des sites traversés...Beaucoup d'informations à assimiler en peu de temps. On est débordé par la quantité de données sur ce milieu naturel, son histoire... mais, nous faisons l'effort de mémorisation nécessaire pour retenir l'essentiel de ce que nous nous transmettons mutuellement.
À l'entrée d'une vallée, nous voici arrivés sur les terres de la famille maternelle d'Aïssa, en dessous d'une crête. La première chose que l'on voit est un jardin clôturé par des arbres fruitiers, des fèves, des petits pois, et un point d'eau avec un tuyau en plastique qui alimente plus loin, les maisons des parents d'Aïssa.
Pendant que nous nous désaltérons, Aïssa le forestier et moi, avec un moment de repos, notre benjamin part rendre visite à sa famille. Au loin, une meute de chiens aboie en présence d'un jeune. Notre forestier, profitant de cette pause méritée continue de découvrir ce milieu et de prendre des photos, surtout des fleurs qui s'épanouissent en cette période printanière au piémont du djebel d'Oum Settas. Après une brève absence, Aïssa nous rejoint et nous informe que les chiens de la mechta ont mis à mort un chacal, de bonne heure ce matin. Il appelle son cousin qui était en compagnie des canidés et nous montre le cadavre éventré du chacal.
Au ciel les grands corbeaux (Corvus corax) tournoient en attendant notre départ, pour continuer à festoyer autour du cadavre encore plein de sang.
À partir de ce moment, les choses sérieuses commencent pour nous. Maintenant, nous nous attelons à une vraie ascension de nos montagnes d'Algérie. Cette journée est légèrement froide et humide avec un brouillard dense dans le massif, dans sa partie nord.
(Ph: Un peuplement de chêne vert bien venant de plus de 5 mètres de hauteur, dans le brouillard du massif d'Oum Settas)
Les reliefs de substrat calcaire sont pittoresques par leurs formes , leurs couleurs, la végétation qui s'agrippe par endroits à la paroi.
Des caractéristiques du site, on est dans le fief des rapaces et des charognards. Pour le vautour fauve (Gyps fulvus) qui était très présent dans la région, il devient rare depuis le transfert des déchets de Constantine vers Benbadis, suivi de la naissance d'un grand dépotoir, qui a porté un coup certain à ce site exceptionnel, qu'il faudra maintenant réhabiliter avec la mise en exploitation du CET.
Pour la flore, c'est l'aire du chêne vert en association avec l'aubépine. Par contre au djebel Zouaoui, commun à Ibn-Ziad et Ain-Smara, c'est l'aire du chêne vert également mais en association avec le genévrier oxycèdre. Sur tout notre parcours, nous n'avons relevé que deux (2) jeunes sujets de moins de un (1) mètre de cette espèce. Un énigme à élucider, et l'exploration d'Oum Settas ne fait que débuter puisque c'est notre première sortie dans ce site imprenable, par sa masse imposante.
Durant notre ascension, la grande falaise est à notre gauche, envahie donc par un brouillard très dense. De là, pour atteindre notre objectif, à savoir la traversée en partie du massif dans son axe nord-sud, nous nous éloignons de la barrière et notre prenons un cheminement sur la droite, le versant qui surplombe et domine l'axe routier El-Khroub/ Benbadis et les premières carrières de ce massif sur cette commune.
(Ph: Vue sur le versant donnant sur la route El-Khroub/ Benbadis, milieu riche et menacé par une multitude de carrières)
De belles vues sur la ville de Benbadis, la retenue collinaire et même sur Constantine, avec un horizon légèrement brumeux, une visibilité moindre. Sur notre itinéraire, toutes les cavités sont passées au peigne fin. Même le passage de certains animaux est relevé grâce à la maîtrise de l'étude des traces et de la manière avec laquelle la terre a été retournée à la recherche de tubercules, racines, parties utiles de la plante pour se nourrir, par notre horticulteur. Cette région lui est familière et il nous relate ses sorties dans ces lieux, pendant sa tendre jeunesse. ( à suivre)
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