Tafaska n Wedrar ou la fête de l’estivage. Chaque année, à la même période, beaucoup de montagnes de par le monde, habitées par les hommes, retrouvent ce rituel. Le Djurdjura n'est pas en reste. Un peu partout dans le villages situés autour de cette montagne, la transhumance reprend ses droits, après un long hiver rigoureux.
Tala n Tazert, village de la commune d’Iboudrarène, est un exemple de l'attachement des montagnards à l'organisation de cette fête, prise en charge par le comité du village avec le soutien de la municipalité.
À cette occasion, tout un programme d'activités est concocté en direction des habitants, des invités et des visiteurs. Pendant que l'association d'Iboudrarène s'implique par l'encadrement d'activités sportives, d'autres villageois s'attellent à organiser des cycles de conférences autour de sujets de société, qui intéressent et interpellent la majorité des citoyens.
Parallèlement à cela, en partenariat avec des professionnels, des actions culturelles sont mises sur pied par des bénévoles forts convaincus de ce qu'ils réalisent : concours de gastronomie, concours de poésie et différentes expositions égaient, le temps d'une journée ou deux, le village et ses alentours. C'est vraiment la fête! Et qui dit fête dit enfants. Et ces derniers ne sont pas oubliés puisqu'on a pensé à organiser, pour eux, un atelier de lecture et des activités ludiques avec la présence d'un clown et d'un magicien.
Toutes ces activités ont lieu à l'intérieur du village, ne sont organisées, rappelons-le, que dans un seul but : réunir les gens dans une ambiance bonne enfant à l'occasion du lancement de la saison de l'estivage. En kabylie, toutes les dates liées au calendrier agricole sont des moments propices pour sonner le tocsin, se réunir et faire la fête. Les villageois se déplaceront ensuite vers la montagne pour ne s'arrêter qu'une fois arrivés au lieu-dit " Le plateau de la pluie " ( Agni n Lehwa). Ceci pour inspecter les pâturages, lieu de transhumance. Généralement, on clôt la manifestation par le partage d'un repas sur les lieux. Les citoyens rentreront chacun chez lui. Les bergers et les animaux, quant à eux, commenceront un long séjour qui va durer jusqu'au mois d'octobre.
Ce que je relate plus haut n'est valable que pour la saison passée. Ce sont les festivités telles qu'elles s'étaient déroulées et rapportées par la presse en 2011. Qu'est-ce qu'il en sera cette année? Attendons de voir ce qui va se passer.
Dans les Alpes, de la même manière qu'en Kabylie, tout un rituel communautaire est lié à la saison de l'estivage. Aussi bien au niveau de la symbolique que dans l'implication de tous les villageois qui considèrent ce moment comme très important, eu égard aux retombées économiques qu'il ne manque pas de répercuter sur leur quotidien : en effet, en plus d'attirer des foules de touristes, de plus en plus nombreuses, l'estivage est la période par excellence pour la fabrications de fromages en pleine montagne. Les bergers passent donc leurs temps, tous les jours, en plus des tâches journalières liées à leur vie dans les refuges ( cuisine, lessive, vaisselle...), en commençant, tôt le matin, par délimiter les zones de pacage ( ceci pour une gestion durable des prairies ), à traire les vaches et les chèvres, pour ensuite passer toute la journée, chacun occupé à une tâche particulière, à fabriquer leurs fromages. Une fois redescendus dans la vallée à l'approche de l'hiver, ces fromages sont commercialisés tout au long de l'année, et c'est ce qui permet aux montagnards, en grande partie, de subvenir à leurs besoins.
Dans le Djurdjura, il n'existe pas de tradition pareille. Les animaux qu'on accompagne dans les pâturages de haute montagne, ne le sont que dans un but d'engraissement, pour généralement être vendus en hiver afin d'éviter des charges et des frais supplémentaires, mais aussi pour assurer des rentrées d'argent non négligeables pour les familles. Néanmoins, depuis quelques années, nous observons des expériences courageuses se mener autour de la création de nouveaux produits fromagers comme c'est le cas à Fréha, Ath-Mendes et Ath-Yenni. Cela augure-t-il de labels locaux à venir?
- Un lien vers le site de Tala n Tazert : http://www.talantazert.com/