Tout comme le Cheliff, le Sebaou est un cours d'eau dont nous aurions pu tirer un grand profit sur de nombreux plans : hydraulique bien sûr, mais aussi agricole, social, sportif et touristique. Cependant, pour de nombreuses raisons sur lesquelles il n'est pas nécessaire de revenir, ce potentiel est resté inexploité. Pendant des années, beaucoup ont tiré la sonnette d'alarme quant aux conséquences désastreuses du pillage de son sable et des diverses pollutions qu'il subit.
Dans un article du Soir d'Algérie daté du 25 mars 2024, intitulé "L'eau salée destructrice au cœur de la plaine du Bas-Sebaou" (dont le lien est indiqué ci-dessous), le Dr Abdeslem Malek, expert en la matière, est cité à travers une étude consacrée à la salinisation des eaux du Sebaou et ses multiples causes. Une occasion pour nous de revenir sur le sujet. Nous pensons que le contexte de sécheresse, qui ne fait que s'installer et qui, selon des études très sérieuses, va durer de nombreuses années, nous oblige à entreprendre d'immenses chantiers pour sauver nos rivières et nos réserves d'eau souterraines. Il en va de la survie de notre pays comme territoire vivant et vivable. Tout un programme.
Nous parlons du Sebaou, mais ce constat s'applique à tous les fleuves, toutes les rivières et cours d'eau en Algérie, et il est sans appel. Les eaux qui s'écoulent à travers nos plaines, avec un débit de moins en moins important, sont en grande partie polluées, bien que la nature de ces pollutions varie d'une région à une autre. Ce qui implique une approche de traitement différente pour chaque région.
Comme nous le savons, l'Algérie, ainsi que l'Afrique du Nord, fait partie des régions du monde où les cours d'eau sont sévèrement impactés par l'activité humaine, ce qui a des conséquences sur la faune, la flore et, bien évidemment, sur l'homme. C'est un véritable retour de boomerang.
Il convient donc d'engager dès à présent, et sans perdre de temps, un vaste chantier pour entretenir nos rivières. Cela nous permettra de nous adapter à une période de sécheresse qui ne fait que commencer, de préserver la biodiversité, de prévenir et lutter contre les conséquences de l'agriculture chimique et intensive, de contrôler et traiter les eaux usées qui s'y déversent et qui font dégâts incommensurables, d'encadrer strictement l'activité des extracteurs de sable. C'est un travail de longue haleine et soutenu, qui fera la part belle aux spécialistes, que nous appelons de nos vœux. Ce travail nécessitera l'implication des citoyens, des associations, des collectivités locales, des universités, des acteurs économiques et des pouvoirs publics. L'objectif - et le défi, car c'en est un - est de rétablir l'état naturel et hydromorphologique de ces cours d'eau. La création d'une association nationale pour la protection et la défense de nos rivières serait également la bienvenue. Elle est plus que nécessaire; elle est vitale.