Pendu haut et court à Port Harcourt.

Publié par Rachid n'Ait Kaci sur 14 Octobre 2016, 10:31am

Catégories : #Amis de la Nature, #Sinistres, #Communication

Je m'appelle Ken Saro-Wiwa. Je vous écris d'outre-tombe pour vous demander de ne pas nous oublier, moi et les miens. De ne surtout pas oublier notre combat. Écrivain et observateur politique averti, je ne pouvais rester indifférent au destin des Ogonis, mon peuple, qui vit dans le sud-est du Nigéria. Mon peuple qui lutte contre la déforestation et la survie écologique du Delta du Niger pollué par les compagnies pétrolières étrangères dont Shell n'est pas des moindres. Dans ce bras de mer, l'odeur du pétrole, pestilentielle, est omniprésente, étouffante et mortelle. Que ce soit sur l'eau, sur les berges, dans la mangrove, on y décèle une couche brunâtre et visqueuse. Toute vie est morte. Cela fait plus de 60 ans que le sinistre dure dans le silence complice et lâche des puissants de ce monde. Si la région est riche en hydrocarbures, seules les multinationales et les privilégiés du système politique en place en profitent. Quant au peuple, hélas, il est l'un des plus pauvres au monde. Les miens qui vivaient de pêche et d'agriculture ont vu les ressources vivrières diminuer puis disparaître sous l'effet des fuites de tuyaux et autres oléoducs mal entretenus. Le 10 novembre 1995, avec neuf autres militants de mon peuple, je fus exécuté par pendaison suite à une parodie de procès de justice pour avoir dénoncé et lutté contre ce crime légalisé.

Les rapaces dans le Djurdjura.

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