Des villages de caractère*

La Kabylie est bien plus qu’un simple territoire montagneux : c’est une véritable mosaïque de hameaux, de bourgs et de villages au charme authentique, accrochés aux flancs des montagnes. Ces villages, qui semblent faire corps avec la roche, témoignent d’un génie ancestral, d’un savoir-faire adapté avec une précision remarquable aux exigences de la montagne et à la rudesse de son climat.

Nos ancêtres, loin de se laisser dominer par la nature, ont su l’apprivoiser, en tirer parti, et bâtir un mode de vie en harmonie avec elle. Les villages kabyles, construits en étages sur des versants escarpés, répondaient à des logiques d’ensoleillement, de défense, d’accès à l’eau et de protection contre le froid et les intempéries. Chaque pierre posée, chaque chemin tracé, chaque arbre planté témoignait d’une intelligence de l'occupation de l’espace et d’une mémoire collective transmise de génération en génération.

Ces villages sont anciens, très anciens. La mémoire populaire les dit éternels, toujours là, témoins silencieux de l’histoire. Même sous l’Empire romain, leur présence était déjà signalée, preuve que l’âme kabyle avait déjà pris racine depuis des siècles dans ces hauteurs indomptées. On y retrouve encore aujourd’hui l’écho de cette époque lointaine, dans les lignes des maisons bâties de pierre et de chaume, et surtout dans ces toits de tuiles rouges, dont certains affirment qu’ils seraient les vestiges d’une influence romaine discrète mais persistante.

Ces villages sont bien plus que de simples lieux de vie : ils sont le berceau de notre identité. Ils ont forgé notre rapport au monde, à la communauté, à la terre, à la nature. Ils racontent, dans le silence de leurs ruelles pavées, jadis poussiéreuses, la résistance, la fierté et la créativité d’un peuple qui n’a jamais cessé de faire corps avec sa montagne.

Ces villages, taillés dans la pierre et la difficulté, ont donné naissance à tant et tant de femmes et d'hommes qui ont servi leur pays de la plus belle des manières et sur bien des plans. Mais qu'en reste-t-il aujourd'hui? La question mérite d'être posée.

* Le présent article est exceptionnellement rédigé en hommage à M. Lounis Hamitouche. Paix à son âme.