Construire en tenant compte des spécificités géographiques, climatiques et sociales de chacune de nos région n'est pas inscrit dans l'ordre des priorités en Algérie. Pourtant cela devient une nécessité indéniable.
Le nord de l'Algérie bénéficie d'un climat méditerranéen, avec des hivers doux et des étés chauds et secs. Les villes et villages du nord connaissent une forte pression démographique et une urbanisation rapide. Voici quelques solutions pour un habitat durable dans cette région :
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Réhabilitation des anciens bâtiments :
La rénovation des maisons anciennes et des bâtiments abandonnés pourrait être encouragée par des incitations fiscales ou des financements publics. Cela permettrait de préserver le patrimoine architectural tout en répondant à la demande de logements. L'intégration de techniques modernes d'isolation et d'efficacité énergétique permettrait de réduire la consommation d'énergie tout en maintenant le caractère traditionnel de ces bâtiments. -
Rénovation écologique des logements collectifs :
La remise en l'état des collectifs avec des matériaux locaux, durables et écologiques (comme la terre crue, la brique, le bois, etc.). L'utilisation de panneaux solaires et de systèmes de récupération des eaux pluviales pourrait contribuer à réduire la dépendance aux ressources naturelles. -
Infrastructures vertes et espaces publics :
Créer des espaces verts dans les zones urbaines pour améliorer la qualité de l’air et le bien-être des habitants. La plantation d’arbres et la création de parcs urbains permettrait également de lutter contre l'effet d'îlot de chaleur urbain. Des toits végétalisés et des murs végétaux pourraient également être développés pour améliorer l'isolation thermique des bâtiments. -
Urbanisme de proximité :
Promouvoir un urbanisme de proximité, où les infrastructures essentielles (écoles, commerces, centres de santé) sont accessibles à pied ou à vélo. Cela réduirait la dépendance à la voiture, réduisant ainsi les émissions de CO2 et favorisant un mode de vie plus sain. -
Gestion durable des ressources en eau :
Installer des systèmes de récupération et de gestion des eaux pluviales dans les bâtiments pour réduire la consommation d’eau potable. De plus, promouvoir l’utilisation de matériaux à faible empreinte hydrique (par exemple, des systèmes de toilettes sèches ou des technologies de filtration des eaux usées).
Le sud de l'Algérie, avec son climat désertique et semi-désertique, présente des défis spécifiques en termes de gestion de l'eau, de chaleur intense et d'isolement géographique. Voici quelques idées pour un habitat durable dans cette région :
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Villes oasis et architecture adaptée au climat :
S’inspirer de l'architecture traditionnelle des ksour et des oasis, où les habitations sont conçues pour résister à la chaleur, avec des murs épais et des toits en terrasse permettant de profiter de la ventilation naturelle. L’utilisation de matériaux locaux, tels que la pierre, le sable ou le pisé (terre battue), permettrait d'adapter les constructions aux conditions climatiques du désert. -
Utilisation des énergies renouvelables :
Dans le sud, le potentiel solaire est immense. La construction de maisons et de villages autonomes en énergie grâce à des panneaux solaires et des éoliennes pourrait permettre d'assurer un approvisionnement énergétique stable. Les habitations pourraient également être équipées de systèmes de chauffage passif pour maximiser l'utilisation de l'énergie solaire. -
Systèmes de refroidissement passif et matériaux thermiques :
Utiliser des matériaux réfléchissants pour les toitures et les façades, permettant de réduire l'absorption thermique. Les systèmes de refroidissement passif, comme les puits canadiens ou les murs de trombe, qui utilisent la géothermie pour rafraîchir les habitations, pourraient être adaptés à la région. -
Jardins d’ombre et gestion de l’eau :
Créer des jardins d'ombre utilisant des plantes adaptées au climat aride pour créer des espaces de fraîcheur tout en conservant l'eau. L’agriculture durable, comme l’irrigation goutte-à-goutte, pourrait être encouragée pour préserver les ressources en eau. L’utilisation de techniques agricoles comme l’agroforesterie pourrait également permettre de diversifier les cultures tout en préservant les sols. -
Relocalisation des activités économiques :
Développer des activités agricoles adaptées aux conditions désertiques, telles que l’agriculture hydroponique ou l’élevage extensif. De plus, encourager la création d’industries et d’artisanat locaux dans ces régions permettrait de dynamiser l’économie tout en réduisant l'exode rural et la pression démographique sur les grandes villes du nord. -
Villages écologiques :
Créer des villages écologiques où les bâtiments sont conçus pour être autosuffisants en eau, énergie et alimentation. Des communautés autonomes, utilisant des systèmes de production d'énergie renouvelable (solaire, éolien), des systèmes de recyclage de l'eau, et des fermes intégrées, pourraient être un modèle à suivre pour réduire l'empreinte écologique.
- Planification urbaine durable : Les principes de l’urbanisme durable, tels que la mixité fonctionnelle (mélange de zones résidentielles, commerciales et de loisirs), la réduction de l’étalement urbain et l’optimisation de l’espace, peuvent être appliqués à la fois dans le nord et le sud. Cela contribuerait à éviter l’artificialisation excessive des terres agricoles et naturelles.
- Mobilité douce et transports en commun : Promouvoir des solutions de transport en commun écologiques et accessibles, ainsi que des infrastructures pour les déplacements à pied ou à vélo, afin de réduire l'empreinte carbone et la congestion urbaine.
Ces propositions viennent en complément de notre article du 12 juin dernier (voir lien ci-dessous). Elles permettent non seulement de répondre aux besoins immédiats de logement et de confort des habitants, mais aussi de garantir une gestion responsable des ressources naturelles et une meilleure résilience face aux enjeux climatiques. Bien sûr, que ce soit dans le nord ou le sud de l'Algérie, il est possible d'affiner d'avantage nos propositions pour les adapter à des contextes spécifiques (Jijel n'est pas Témouchent). Il appartient aux spécialistes, qu’ils soient urbanistes, architectes, ingénieurs ou experts en environnement, de prendre ces propositions et de les travailler pour les adapter à la réalité technique, économique et sociale de chaque région du pays.
Sources :
- Atlas de l'écologie. Dieter Heinrich et Manfred Hergt, Le livre de Poche, 1996
- Habitat durable. L'évidence de la construction passive. Jean-Loup Bertez et Jean-Claude Tremsal, Alternatives, 2017
- Inventer des villes durables.Maxime Guillaud et Matthieu Chéraud, Dunod, 2022
- L'Habitat en Algérie. Stratégies d'acteurs et logiques industrielles. Sid Boubekeur, PUL, 1986.
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