Nul jardinier n'y est pour quelque chose, pourtant, chaque année, de façon cyclique, réglées comme des métronomes, des fleurs et des herbes par milliers d'espèces nous donnent rendez-vous dans et autour du Djurdjura.
Si on veut avoir le coeur net, et être renseigné avec précision sur la richesse de la flore du Djurdjura, il suffit d'aller au printemps parcourir les vastes zones de pacage et tenter l'expérience suivante : délimiter à la ficelle un m² de terre et y prélever, trier, identifier et comptabiliser les différentes herbes qui s'y trouvent. On verra à ce moment-là le foisonnement de vies, insoupçonné, qui se déroulent à nos pieds, sous nos pas. Nous conseillons que cela se fasse au printemps parce que après, les troupeaux qui parcourent ces alpages réduisent significativement la densité de la flore.
Mais si ces animaux qui paissent en haute montagne détruisent quelque peu, surtout lorsqu'ils sont en surnombre, ils jouent également un rôle de tondeuse naturelle en donnant leurs chances à de toutes petites plantes de voir le jour et de croître et en permettant une régénération du tissu végétatif. Ils enrichissent aussi les sols par l'apport de leurs excréments et participent à la diversification des espèces en déplaçant les graines et autres spores. En somme, leur rôle est équilibré. Il appartient donc à l'homme-éleveur d'assumer le sien de rôle qui est celui de réguler l'exploitation des parcours de transhumance.
La montagne est belle! Tout le monde s'accorde à le dire. Mais si tout le monde s'extasie devant tant de beauté, rares sont ceux dont le regard s'arrête aux détails pour remarquer une plante accrochée à un rocher, des fleurs à des endroits inattendus, des oasis de verdure au sommet de la montagne là où normalement l'étage végétatif ne permet pas de les retrouver. Et même si on est soucieux du détail, qui sont véritablement ces personnes capables de nous nommer toutes ces herbes et ces fleurs que nulle main n'a semées, que nul montagnard n'a entretenues et qui sont à chaque fois au rendez-vous?
On peut aimer la montagne sans en connaître les méandres, mais nous l'aimerons beaucoup plus en sachant. Et pour savoir, il faut y aller! Partir à pied et jouer au botaniste. On découvrira alors tout un monde qui nous est inconnu. Un monde où les plantes se battent pour leur survie, ont un nom, une origine, un signalement, une santé. Leur comportement n'est pas le fait du hasard, il est lié à bien des facteurs et des exigences d'adaptabilité au climat et à la richesse des sols.
Prendre des notes au cours de ses promenades servira peut-être à la création de clubs de botanique qui, eux, serviront à l'étude et à la vulgarisation de la flore montagnarde, à sa connaissance, et finalement à son respect.
Dans mes prochains articles, j'aborderai les zones de végétation dans le Djurjdura, les éléments climatiques qui y favorisent un développent herbacé, et enfin, la richesse et la diversité de cette même flore en allant un peu dans le détail.
Le 01/12/2011.
( Une fleur de la famille des composées- Quelle est son nom? ) Ph. Brahim Zahi