M.-S. ZIAD est un parfait inconnu pour les nouvelles générations. Et pour ceux de mon âge, il est carrément remisé dans le placard d'une mémoire qu'assèchent les impératifs d'un présent qui pense aller à l'essentiel.
Depuis que je me souvienne, j'ai nourri le voeu d'écrire quelques mots sur Mohand Saïd Ziad. Et voila que l'occasion se présente avec la création de ce blog et la rubrique "portraits" que nous dédions aux amis du Djurdjura et de la nature.
Quand j'avais dix-sept ans, j'étais un lecteur hebdomadaire et assidu des articles que Mohand-Said Ziad consacrait sur les colonnes d'ALGERIE-ACTUALITES, avec une discrète éloquence et une émotion poétique toute retenue, à son jardin de Ledjma n'Saharidj, aux fleurs qu'il y cultivait et à la nature qui le baignait de ses bienfaits. Je me dis aujourd'hui que s'il avait réussi à m'accrocher à cet âge ingrat où l'on se préoccupe d'un tas d'autres choses sauf de l'environnement, c'est qu'il avait un don particulier à raconter le jardin à l'enfant que j'étais. Et finalement, c'est un peu grâce à son "école" que j'ai pris conscience précocement en restant tout le temps attentif et à l'écoute du monde écologique.
Mohand-Saïd ZIAD a fait partie des grandes plûmes journalistiques de l'Algérie indépendante. Avant d'atterrir dans l'équipe de l'hebdomadaire que dirigeait Ameyar à la suite de feu Belkacem, il avait durant de longues années officié à l'agence APS, à En-Nasr et Révolution-Africaine. Aux côtés des Djaad, Djaout, Mouffok, Tagmount, Mabrouki, Mahmoudi et j'en oublie, il avait fait briller de mille feux le journal pour lequel il bossait dans les années quatre-vingt et qui était à notre rendez-vous heureux des jeudis.
Mohand-Saïd était l'ami des grands chez qui il comptait pour gais lurons les Issiakhem, les Yacine, les Zinet et autres Zamoum ( excusez du peu). Aujourd'hui retraité, il vit retiré, selon les quelques bribes d'information dont je dispose, dans son village d'origine. Les apparatchiks du parti unique voyaient en ses personnages faunesques, un peu comme ceux de Jean de la Fontaine, leurs portraits crachés. C'était l'une des raisons pour laquelle il était interdit d'écriture pendant un certain temps. Il était aussi victime de brimades de la part des autorités.
M.-S.ZIAD. 1985. Par son ami M'hamed Issiakhem
Huile sur contreplaqué 100,5X 81,8.
(Collection particulière)
Source:
Malika BOUABDELLAH
Conservateur du musée national des baux arts d'Alger.