C'est chaque jour qui passe le fait du Prince dans mon pays. Pourquoi je dis cela ? Comment donc interpréter cette décision du gouvernement d'autoriser, envers et contre tous, l'exploitation des gisements de gaz de schiste, en ramant à contre-courant et contre tout bon sens économique et écologique, si ce n'est comme une décision arbitraire ? Vous rétorquerez sans doute, et vous aurez entièrement raison, que dans un pays où l'on impose, pour un énième mandat, un président impotent, au mépris de toute éthique, rien désormais ne pourrait plus nous surprendre. Cependant, cette dernière décision engage le pays, ses intérêts, l'avenir de ses enfants, pour très longtemps. Doit-on se taire ?
Il est vrai que, contrairement à d'autres régions du monde plus civilisées, chez nous, la mobilisation citoyenne, construite, organisée et pacifique, a rarement porté ses fruits. Souvenez-vous-en : il y a quelques années, on l'avait fait. On l'avait vu. Lorsque le Parc National d'El-Kala fut menacé par les bulldozers pour faire passer le projet d'autoroute Est-Ouest, pour ne citer que cet exemple. Faisant fi des milliers de cris sincères et outrés qui s'élevèrent ça et là, le tapis d'asphalte fut quand même déroulé, brisant tout sur son passage. Une logique chère à Néron.
Sous d'autres cieux, pas nécessairement plus cléments, où le quotidien est arbitré et régi par des rapports de force financiers et commerciaux sans limites, des projets gigantesques (aéroports, voies ferrées, usines, construction de ports, d'autoroutes, etc.) sont bloqués par de frêles animaux comme le triton marbré ou le scarabée pique-brune, soutenus par quelques associations qui ne comptabilisent souvent pas une centaine d'adhérents dans leurs rangs. Quelle est donc cette différence qui fait que ce qui est valable et porteur de résultats chez les autres ne l'est pas systématiquement chez nous ? Pourquoi ce qui semble réussir aux autres devient une montagne infranchissable dès lors qu'il s'agit de nous ?
Eh bien, la différence réside dans l'absence d'une union sacrée de tous les Algériens autour de leurs intérêts. Et le premier de ces intérêts est leur droit à exercer leur citoyenneté pleine et entière. Pas touche à mon concitoyen quand ce dernier s'exprime de façon intelligente et non violente !