On dit du Djurdjura qu'il est un château d'eau troué qui laisse fuir ses eaux tous azimuts (et sans retenue?), est-ce cela qui explique que, jusqu'à maintenant, les populations Kabyles soient soumises quotidiennement à un manque d'eau et à des restrictions drastiques? Selon les statistiques, seuls 50 % des besoins en eau sont satisfaits. Gageons que si le problème perdure, les prochaines émeutes n'auront pas pour prétexte une quelconque revendication identitaire ou sociale, mais pour corollaire, une demande récurrente de cette ressource ô combien vitale.
Seulement voilà, depuis la fin des années 80, les pouvoirs publics ont lancé une série d'études pour la construction de grands barrages autour du Djurdjura. On a commencé donc à réceptionner, à compter du début du nouveau millénaire de grands ouvrages d'art: Tilesdit, Taksebt et plus récemment encore Koudiet Asserdun. Ces trois barrages aux capacités importantes ( 430 millions de m3?) ont pour ambition, si les projets sont menés à leurs termes, d'étancher définitivement la soif de toutes les wilayas du centre ( Tizi-Ouzou, Bouira, Msila, Boumerdes, Médéa, Alger et Blida), ce qui représente environ 12 millions d'âmes.
Mais pour assurer la pérennité de ces grandes réalisations et permettre une gestion durable des ressources hydriques captées, plusieurs défis restent à relever:
- Réalisation de centaines de kilomètres d'aqueducs
- Réfection et entretien de dizaines de milliers de kilomètres de réseaux AEP souvent défectueux et qui ne sont plus aux normes.
- Mise en place de stations de traitement des eaux, de stations de pompage et de réservoirs.
- Sécurisation des bassins versants pour ne pas refaire les mêmes erreurs que par le passé et se retrouver avec des barrages envasés, donc inutiles, au bout de quelques dizaines d'années seulement.
- Le traitement en amont, de la pollution créée par les eaux usées essentiellement.
Ceci nécessite la mobilisation de moyens financiers et humains très importants mais la prise de conscience et le civisme citoyens seront aussi d'un grand apport.
Avec ces trois barrages, les capacités du Djurdjura à couvrir les besoins domestiques, agricoles et industriels ne sont pas épuisées pour autant. Aussi bien du côté nord-est que du côté sud-est, il existe une réelle marge de manoeuvre qui permet de réfléchir à la construction d'autres barrages qui serviront à répondre à la demande toujours accrue de la Kabylie centrale, de la wilaya de Béjaïa, celles de Bordj Bou Arréridj et de Sétif.
Selon les prévisionnistes, l'Algérie fera partie à l'horizon 2025, des pays qui seront atteints de plein fouet par le manque d'eau, il est donc utile de penser à sécuriser, d'ores et déjà, l'accès à une alimentation en eau potable au plus grand nombre de citoyens.