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Amis du Djurdjura

Amis du Djurdjura

Djurdjura, un lieu-dit de la planète Mars.


- Moi, capitaine Oudinot!...de triste mémoire*.

Publié par Imddukal n Jeṛjeṛ sur 4 Janvier 2012, 00:25am

Catégories : #Sinistres

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(...)

- Et puis, il y a Oudinot dans son " djebel ", disait le général Faure. Et ses yeux se plissaient d'un sourire d'affection. Le capitaine Oudinot s'était installé au coeur du donjon kabyle, aux heures les plus difficiles, quand tout semblait céder, tout paraissait emporté par la vague de fureur et de haine; quand les katibas rebelles campaient au bord des routes et que les Français se barricadaient la nuit venue dans les villages sous les frondaisons des eucalyptus, bruissantes de rumeurs d'alarme.

Oudinot avait passé le premier hiver seul avec quelques volontaires berbères dans la montagne ensevelie sous la neige. Et parce qu'il était cerné de toutes parts, enfermé dans un monde hostile avec ses magies barbares de crêtes neigeuses et de cèdres décorés par l'hiver comme des sapins de Noël; parce qu'il ne pouvait rien faire, mais que l'inaction lui était inconcevable, il avait imaginé de parler à la montagne. Des bricoleurs avaient installé des pylônes au sommet desquels Oudinot avait fait fixer des haut-parleurs. Et quand les chaînes découpées en cristaux de glace par le crépuscule commençaient à sombrer dans des laques bleues, quand les hauts sommets avaient brillé une dernière fois comme des pierres violettes dans les écrins de nuages, Oudinot parlait à la montagne. Il criait:

- Moi, Oudinot, je suis assis devant mon feu et vous, vous êtes comme les chacals qui glissent sur les sentiers de neige. Et moi, Oudinot, j'ai le temps d'attendre que vous soyez las de jouer aux chacals. J'attendrai. Je serai là dans un an. Je serai là dans dix ans. Je serai là dans vingt ans. Et vous, si vous n'êtes pas venus me rejoindre, vous crèverez dans vos tanières comme des bêtes affamées.

L'énorme voix métallique roulait sur les pentes de l'Akouker et sur les éboulis de pierres enfouis sous la neige au pied du col de Tizi.N'Kouilal. Elle butait contre les falaises hérissées de cèdres morts comme des patères où s'accrochaient des écharpes de nuages. Elle coulait dans la vallée des Ouadhias. Elle montait à l'assaut des crêtes qui portent les villages des Aït-Larbaa et des Aït-Larhcen.

- Moi, Oudinot! ...

Et "les autres" écoutaient stupéfaits la voix du diable. Accroupis sous l'auvent des grottes ou dans les maisons enfumées, ils tendaient l'oreille à l'orage sonore qui roulait des avalanches de mots comme des défis.

- Moi, Oudinot...

Les ombres avaient essayé d'approcher le poste pour tirer sur les haut-parleurs. Après quelques tentatives, ils avaient renoncé. Comment tuer une voix ? Mais cette voix ensemençait la montagne de doutes. Quand les rebelles, épuisés par les marches dans le lit enneigé des oueds où ils enfonçaient jusqu'à mi-jambe, se présentaient le soir à l'orée des villages pour demander asile l'espace d'une nuit, ils trouvaient des femmes pour leur dire: "Vous n'avez pas tué la voix... La voix se moque de vous... Elle est la plus forte.. Elle vous mangera..." La voix hantait les gens. Elle était partout comme une présence fabuleuse. Elle occupait les esprits. Elle avait pris rang de divinité païenne, un peu ironique, un peu monstrueuse. Quand les vieillards évoquaient quelque difficulté insurmontable, ils disaient: "C'est aussi ardu que de faire taire la voix." Et quand les bébés berbères étaient désagréables, les mères menaçaient de les livrer à la voix : "Je vais appeler la voix... Voilà la voix..." Les gosses se taisaient terrifiés. Oudinot le savait. Il ne cessait jamais de parler à la montagne.

- Moi, Oudinot... Les femmes surtout n'en pouvaient plus. Elles voulaient voir la voix. Les ombres avaient fait courir des bruits terrifiants sur la férocité de la voix. Mais la curiosité avait été la plus forte. Un jour, les femmes s'étaient présentées devant le poste, accompagnées des enfants. Oudinot avait bavardé avec elles, joué avec les enfants et peigné les cheveux des petites filles. On avait commencé à chuchoter que la voix ne mangeait pas les hommes, et les petites filles étaient revenues se faire natter les cheveux par Oudinot. Enfin un adolescent était venu, puis des adultes maigres comme des loups traqués et dont les yeux brillaient comme les flambées de lentisques. Ils regardaient Oudinot passer le peigne dans les cheveux des petites filles. La voix n'effrayait plus. De proche en proche, les villages s'étaient ralliés. Les gens disaient aux hésitants : "Que pouvez-vous contre la voix ? ...Elle est la plus forte..."

Le général de Gaulle était venu chez Oudinot au cours de l'un de ses passages en Afrique. Cet homme au coeur taillé dans la pierre avait grommelé qu'il n'était pas digne des capitaines de passer leur temps à peigner les cheveux des petites filles berbères. Mais les nattes des fillettes kabyles, ce n'était que le gracieux symbole d'une sollicitude qui avait désarmé la montagne. Le général Faure cessait un moment de rouler ses cigarettes. Il posait un doigt sur le plan et il souriait :

- Ici, il y a Oudinot.

- Moi, Oudinot, criait le capitaine, je vous attends... Je serai encore là dans deux ans, dans trois ans... Je serai là dans vingt ans... Et si je pars, un autre capitaine viendra... La France ne partira pas..

 

"Interdit aux chiens et aux français, le drame de l'Algérie française" , de Jean Brune, éditions Atlantis.

 

 

* Le titre est de nous - Cet extrait nous a été transmis par notre ami Meziane.

 

- Qui est Jean Brune? link

- Des témoignages sur les exactions du capitaine? link

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D
Ce monstre qui a les mains pleines de sang devrait s'il est encore vivant de se taire a jamais mais il y a une bande- ses amis probablement - qui a relancé ce documentaire qu'ils ont intitulé frauduleusement " histoire de la guerre d'Algérie et documentaire " qui sévit sur la toile- YT -que je découvre avec des commentaires haineux de tous les nostalgiques de l'Algérie française- tous d'anciens membres de l'OAS-. Je me suis mis à répondre et j'ai invité des amis à me joindre pour faire face à cette propagande de tarés, de criminels se présentant comme des victimes !!! J'ai l'impression de vivre une seconde fois la guerre d'Algérie.
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A
ignoble personne dont même l'enfer refusera l’âme au cas ou il pensait en avoir.<br /> c'est trop facile de créer des fausses légendes sur notre ignorance de l'époque, mais celle-ci vaut bien mieux que la barbarie de ces troufions qui ont gagné leur grades face aux frères vietnamiens désarmés.<br /> on aurait aimé savoir ce qu'il faisait entre 39 et 45 devant les allemands, je présume qu'il baissait culotte à leur passage.<br /> Klauss Barbie a été poursuivi bien après la fin de la guerre, alors que ses adeptes tels ce sinistre monstre n'a jamais été inquiété.
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A
Une preuve, s'il en fallait une, qu'il y a deux justices en ce bas monde : La justice des vainqueurs et celle des vaincus. En somme, il n'y a qu'une justice pour résumer, c'est celle des plus forts. Regardons Papon par exemple, le fameux Maurice, préfet de police de Paris. Il a bel et bien été jugé et condamné pour ses crimes contre les juifs mais jamais pour les innocents algériens jetés à la Seine. cordialement
B
Dans des pays qui respectent les doits de l'homme, il sera poursuivi à titre postume pour atteinte aux droits humains.
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A
Merci pour votre précieux témoignage. Et nous encourageons tous les témoins de l'époque à en faire de même.<br /> .
A
C'est impressionnant de voir des ecrits mensongers décrivant les biens faits du Capitaine Oudinot dans les Beni Douala. En effet, Beni Douala vivait ses preparatifs et la mise sur pied de l'organisation FLN/ALN par les premiers militants novembristes de cette region, au point de penser que cette parcelle du territoir vivait deja dans un état independant jusqu'à l'arrivé du Capitaine Georges Oudinot vers la fin mai 1956.<br /> Son apparition sur la chaine de FR3 en 2008 ont provoqué chez moi un choc violent comment une chaine de television public a pu donner la parole à un sinistre officier à l'image Claus Barbie, mais contrairement à Claus Barbie, Oudinot à échappé une procès pour crime contre l'humanité.<br /> C'était surprenant de le voir s'exprimer à l'aise en relatant ses &quot;bienfaits&quot; pour la régions des Beni Douala avec éxclusivement que des temoins en sa faveur et qu'il n'a à aucun moment exprimer des regrets et remors pour ses crimes comme l'avait fait courageusement le general Aussaresse .<br /> J'ai été son plus jeune prisonier arrété le samedi 18 Aout 1956, en qualité de chef de groupe alors que j'avais que 16 ans et ce à la suite de la denonciation de notre organisation par un des notre Tachouch Mouh Oukaci. J'ai ecrit au capitaine Oudinot près sa prestation sur FR3 une lettre d'une trentaine de pages en juin 2008, pour lui rappeler ses crimes uniquement dans mon village ( sur les 25 villages et 7 hamaux des Beni Douala) en loccurence Tdaert Oufella où la nuit du 18 Aout 1956 après la neutralisation de tous les membres de notre orgasitation, il s'acharne avec un groupe soldats sur notre chef de groupe armé Nekroufe Mohamed Idir pour lui faire avoué sa qualité de chef, devant sa persistance à nier couragement sa qualité de chef, le capitaine Oudinot donne ordre de l'executer, le militaire incredule repond au capitaine Oudinot sans blague mon capitaine?.. Le capitaine Oudinot replique au militaire que c'est un ordre! ainsi Nekroufe Mohamed executer sur la place du village vers 22 heures d'une longue rafale de mitraillette et le militaire revenant vers Oudinot lui confirmant: Mission accompli mon capitaine,. Bien cela servira d'exemple à ceux qui nous voudrons avouer repliqua Oudinot... Nous etions mes camarades et moi terrifiés par cette attitude, lors de notre transfert au camp militaire de Beni Douala où nous etions soumis à la torture la plus severe et voilà que pendant la nuit du 21 au 22 aout 1956 vers 2 heures du matin un goupe de militaire s'est rendu à notre celule avec une liste en main de 5 persones en les personnes de messieurs: MekiousRabah,mekiousAhcen, Rahim Mouloud, Saheb Cherif et Metouk Mohamed Idir pour les emmener autour du village et les executer à bout portant ainsi le Capitaine Oudinot affrait au reveil du village de Tadert Oufella un spectacle d'horreur qui restera à jamais gravé dans la memoire de ses habitants.. Ainsi donc Le Capitaine Oudinot signera l'acte des ses premiers crimes des Beni Douala, en faisant du village de Tadert Oufella le premier village martyres des Beni Douala à l'image d'Ouradour Sur Glane pendant l'occupation de la France par l'llemagne Nazi...<br /> A suivre car un livre est en train s'ecrire sur le Capitaine Oudinot... Cet ecrit n'est ps anonyme, il peut etre verifier à tout moment.. merci pour tous temoignages objectifs sur le passage du Capitaine Oudinot dans les Beni Douala mai 1956 et avril 1961...
A
J'apprécie votre intervention , vous êtes surement de la génération après-indépendance, ce qui attriste c'est que dans cette région de Béni-Douala (les quatre communes bien sur) où, il selon ce que j'ai entendu des aînés, la population a beaucoup souffert avant et surement beaucoup plus pendant la guerre, les gens m'ont l'air d'avoir tout envoyé aux calandres grecque, dans aucune commémoration ni événement je n'ai entendu un responsable ou une sommité rappeler le courage, la participation, et le prix qu'à payé notre région. je rêve de voir nos PAPC, s'unirent et élever notre daira au niveau des meilleures régions, au lieu de se jalouser comme au temps tribal
A
Nous invitons le maximum d'internautes qui savent à réagir
A
En parlant de ce monstre comme vous le qualifier à juste titre, c'est à l'occasion d'un hommage d'un grand chahid et martyr de la région , c'est aussi pour réveiller les mémoires, et les consciences de ceux qui étaient avec lui pour torturer les leurs, ce chahid aprés avoir été abattu par ses militaires, des traîtres ont rassemblé du bois pour bruler sa dépouille afin de faire plaisir à ce monstre, s'ils se reconnaissent j'espère qu'ils irons rendre les attestations communales qu'ils se sont fait délivrés
B
vous oser parler de ce monstre,ces méfaits et crimes sont gravés dans les mémoires des habitants de beni douala qu'il soit maudit à jamais.
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B
Domage pour des citoyens d'un pays connu pour ses droit de l'homme de faire de faire l'éloge d'un tortotionnaire et criminel de sinistre mémoire qu'il se faire rotir en enfer.
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D
Je découvre une vidéo intitulée " histoire et documentaire de la guerre d'Algérie" j'étais éberlué par les mensonges dans les commentaires, tous des anciens membres de l'0AS qui vomissent leur haine plus de 50 ans après, j'ai répondu - je ne suis pas le seul- à ces mensonges sans avoir eu le temps de pousser mes recherches. C'est donc ce matin que je découvre ces commentaires, j'ai me suis rappelé immédiatement le nom de ce monstre et les crimes que lui et ses hommes ont commis parfois hélas aidé ( par les dénonciations des "nôtres" et lire qu'ils ont eu des attestations, cela m'achève, pourquoi la population ne se présente t-elle pas en force pour occuper la mairie et exiger la dénonciation de ses sombres individus, des harkis indignes de continuer a fouler cette terre où le sang de nos héros est répandu.) Je reviendrai sur ce site mais là, je vais rejoindre celui -YT- où sont diffusés ces mensonges pour donner les références du présent site afin que tous - ceux qui veulent connaître la vérité- puissent s'y rendre. Thanmirt à tous.

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