Dans le Djurdjura de notre enfance, presque tous nos jeux collectifs et autres jeux de société étaient de notre propre fabrication, sans modèle déposé ni droits de propriété, et cela nous enchantait de les partager en famille ou entre amis. C'était une époque merveilleuse, tant sur le plan affectif que pour son côté inventif.
Que sont devenus ces cerfs-volants de fortune de notre enfance, que nous fabriquions de bric et de broc, qui prenaient toutes les formes et toutes les couleurs, et qui égayaient nos cieux ? Est-ce à dire que l'enfance en ce début de siècle n'est plus bercée par les rêves ? Et pourquoi leur ôterait-on cette part de rêve à laquelle les enfants d'aujourd'hui ont aussi droit ?
De nos jours, vous me direz que nos enfants sont passés à autre chose : les jeux en réseau via Internet et les consoles japonaises ne leur laissent guère le temps de sculpter des arcs et des flèches avec des branches d'olivier, avec tous les risques d'accidents que cela comporte. Oui, d'accord, mais admettez, à l'aune de l'ère moderne et individualiste que nous vivons, qu'il n'y a rien de tel pour stimuler l'intelligence et maintenir un lien social que le dénuement et le manque. Cependant, pour rien au monde, je ne voudrais revenir à une vie de privations de toutes sortes dont nous avons tant souffert. Comprenez-moi bien, je souhaite simplement que nous gardions une part de nous-mêmes, de notre authenticité, de notre génie, tout en vivant parcimonieusement ou pleinement la modernité, à défaut de pouvoir l'éviter.