Je ne décrirai pas un oiseau qui s'écroule
prend feu
ai-je jamais voyagé plus loin que ne promet un champ
et
pas de mains hors de leur corps vivant
pas de chair qui ne sache
point me découvrir un centre
je ferai le périple
m'acquitterai des
dîmes que suppose ma douleur
un jour funeste passe plus vite que
son bruit
et mon ombre toujours comme une tache d'huile
mes morts
je les ai vus
vécus même
laissez-les réinventer les pierres
secouer
la terre
s'ils partent ne dites pas ce que disent les veilleurs
ils
ne remontent pas leur présent
n'accouchent pas de fantômes
puisqu'ils
passent et repassent
tordent la nuit
à rompre les amarres d'un navire
prêt à doubler ma vie
mort
hyène volontaire
c'est toi que je réclame
proclame
achève de déterrer mes doutes futiles
faut-il que je te
batte
t'assomme
tes aises me répugnent
mort hyène bien connue des
idiomes d'où je viens
je sais te ciseler
j'aggrave ton profil
mort
hyène noire
mais comment t'expulser
je ne peux même pas te
rapatrier
moi sans pays
sans toit
mort
hyène puante
je te vomirai
toute
te livrerai avariée à tes incertitudes
tu étais toute brises
et le sable éclatait comme une poignée de sel
il a fallu m'attendre
à tes colères
mort j'étais innocent
l'air m'en voulait
j'étais mon
propre ancêtre
mort
hyène chargée d'amulettes
il est un ouragan
qui dresse le sahara
par-dessus tes colères
or nous voici présents
pour une lutte étrange
mort
cadavre qui en recherche d'autres
d'où t'ai-je héritée
veule
lâche
le monde qu'est-ce que
fixité
mort
il t'a réfutée
veule
lâche
mort incapable même de pénétrer
un relief
il fuit
mort pas même végétale
tu ne surmonteras jamais l'homme
jamais l'or incandescent qui coule dans tes mamelles
pourries
mort
hyène funeste
je te vomirai toute.
Mohammed Khair-Eddine : in Soleil arachnide, éditions Gallimard,2009.